Aristote pose que le Bien est le but suprême de la vie, et le Bien est l’objet de la Politique :
“Et puisque la Politique se sert des autres sciences pratiques et qu’en outre elle légifère sur ce qu’il faut faire et sur ce dont il faut s’abstenir, la fin de cette science englobera les fins des autres sciences ; d’où il résulte que la fin de la Politique sera le bien proprement humain Même si, en effet, il y a identité entre le bien de l’individu et celui de la cité, de toute façon c’est une tâche manifestement plus importante et plus parfaite d’appréhender et de sauvegarder le bien de la cité : car le bien est assurément aimable même pour un individu isolé, mais il est plus beau et plus divin appliqué à une nation ou à des cités.
La politique c’est donc avant tout l’intérêt de la cité, l’intérêt général et son but est la recherche du bonheur de tous. En ce sens sens la politique est noble et l’État est un temple qui doit abriter et cultiver cette noblesse de l’intérêt général et non de l’intérêt individuel.
L’homme politique doit être au dessus de tout, il doit rechercher l’intérêt de la cité, de la nation, de la collectivité. Est-il un commerçant ? Certainement pas, non pas que le commerce soit dégradant, mais il n’est pas la raison d’être de l’action politique. De Gaulle disait d’ailleurs que la politique de la France ne se fait pas à la corbeille, c’est à dire à la bourse. Force est de constater que c’est bien le cas aujourd’hui et que toutes les décisions politiques se font essentiellement en fonction du commerce.
Ainsi nous avons vu, dans notre profession, les dégâts que cela peut faire. La leçon de conduite doit devenir un bien de consommation comme un autre et le consommateur doit pouvoir consommer de la leçon de conduite comme il irait acheter une bouteille de jus d’orange. Rien ne doit faire obstacle à la boulimie de consommation de l’individu. Peu importe les enjeux humains en terme de sécurité routière et de donc de mortalité des jeunes. Il faut consommer sans modération, seul cela compte.
Nous le voyons dans l’actualité immédiate avec la tentative de redonner la possibilité de vendre de l’alcool dans les enceintes sportives. Les marchands veulent détruire ou à tout le moins affaiblir la loi Evin. D’ailleurs sur LCI la proposition a été présentée avec à 70% des arguments économiques. Pensez-vous on ne peut pas vendre ! Peu importe les dégâts de l’alcool en terme de santé public, peu importe les risques d’incidents dans les stades par des individus alcoolisés et énervés. Il faut vendre, tout est marchandise et le monde est un marché immense.
Je ne parlerai pas du CETA qui, à mon avis, est contraire à la lutte écologique, laquelle doit s’incliner devant le commerce.
Bientôt nous aurons la marchandisation des corps, au nom de l’amour et du droit à l’enfant. Car là encore l’individualisme doit être au dessus de tout et rien ne doit pouvoir faire obstacle au droit de l’individu même pas la nature. Ainsi des gens riches pourront louer des ventres de femmes pauvres, les mettre enceinte avec des pipettes et leur prendre le bébé dès sa naissance. Mais ce n’est que de l’amour. Par contre payer une prostituée pour un rapport sexuel, ça c’est pas moral (ce qui est vrai), mais louer le ventre pendant 9 mois ça c’est moral. Cette société me désespère.
Nos gouvernants actuels sont pour beaucoup d’anciens Énarques devenus lobbyistes, ce ne sont pas des hommes d’État au sens noble, ce sont des marchands et les marchands ont pris le contrôle du temple.
Cela fait une quinzaine d’année que je suis président de l’UNIC, j’ai participé à toutes les dernières réformes, il y a toujours eu au moins un semblant de négociations. Ce gouvernement est le premier qui ne négocie rien. De plus c’est un gouvernement de menteurs. Ainsi lorsque Gabriel ATTAL, secrétaire d’État auprès du Minsitre de l’Education Nationale et de la Jeunesse, déclare sur RTL que son ministère travaille avec les écoles de conduite, suite à une question de Yves CALVI, c’est faux et archi faux ce monsieur ment effrontément.
Il est clair que nous sommes face à un gouvernement autoritaire et qui se moque des syndicats et de tous les contre pouvoirs.
La société que l’on nous crée est une société de l’ultra consommation où l’individu devient plus important que le collectif et cela me semble dangereux, le monde doit devenir une plateforme commerciale sans limite où tout s’achète même l’humain.
Je me demande si le syndicalisme peut survivre à cette évolution et quelle place il doit y prendre, d’autant que certaines organisations syndicales n’avancent qu’en fonction de leurs intérêts économiques, ce qui est quand même logique. mais tout de même elles doivent se poser la question de leur rôle dans la construction de ce monde.
Je crois qu’il faut sortir de l’individualisme excessif et rendre à l’intérêt général la place qui est la sienne, la première. Et lorsque la politique devient le jouet des banquiers et des marchands alors c’est la démocratie qui est en danger. D’où les différents évènements que nous constatons.
Pour ma part je pense qu’il est urgent de chasser les marchands du temple.
Monsieur Colombani,
Votre réflexion est toujours de bonne facture.
Malheureusement, quand on lit la bafouille d’Emmanuel BARBE, sur la mise en place de « candilib », on continue à se « foutre », excusez du terme, de notre tête.
La magie opère les candidats libres deviennent très bons, les places tout va bien dans le meilleur des mondes!!!!!, en 30 ans de carrière je n’ai jamais vu cela.
Et ce n’est que le début, de la fin !!!!! surtout.
La prochaine étape, c’est la disparition des syndicats !!!!!!!
bon courage à tous