Réflexions personnelles

Je me souviens quand j’enseignais la moto il y avait dans les questions orales une question sur l’utilité de passer par un professionnel et parmi les différents arguments il y avait le fait que grâce au professionnel on gagne du temps.

Le rôle de l’enseignant de la conduite n’est-il pas, en effet, de permettre à l’élève d’apprendre mieux, mais aussi plus vite ? La profession ne s’est-elle pas laissée aller à toujours plus de leçons ? Combien de fois ai-je entendu de la part de moniteurs « il faut laisser du temps », en oubliant que le temps c’est aussi de l’argent.

Alors le nombre de leçons n’a cesser d’augmenter et le coût de la formation aussi. Toujours plus, toujours plus.

Loin de moi l’idée de penser que seuls les enseignants sont responsables de cet état de fait, l’Administration a sa part de responsabilité et elle n’est pas négligeable, je me souviens de fonctionnaire de la DSCR (à la retraite aujourd’hui) qui disait « vous n’avez qu’a leur mettre plus de leçons et ils réussiront leur permis ». Comme si le fait d’augmenter le nombre de leçons augmentait, de fait, le taux de réussite !

Les élèves ont aussi leur part de responsabilité, les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas ceux des années 80. Nombreux sont ceux qui ont reçu 5/5 le message sur la sécurité routière, ils ont dans la tête deux vitesses 30km/h en ville et 70 km/h en dehors. Beaucoup sont moins motivés que leurs ainés pour apprendre à conduire, etc.

Tout ceci concours à une augmentation du nombre de leçons.

Mais en période de crise économique cela devient insupportable. Le discours sur le permis trop cher se développe, l’apprentissage libre tente une percée, les exploitants d’écoles de conduite se sentent mal aimés.

Le monde change.

Les professions réglementées sont toutes « attaquées », voir les taxis, même les avocats, mais aussi les sociétés de location de voitures, notre profession n’y échappe pas. Dans une société où l’on veut tout rapidement et pas cher, où l’Europe prône la libre concurrence avec pour objectif une baisse des prix et plus d’emplois (mais des emplois de travailleurs pauvres. Chut faut pas le dire), l’enseignement de la conduite ne peut pas être décalé et subi les mêmes mutations.

Nous devons donc renoncer au « toujours plus de leçons ». Nous devons revenir à notre cœur de métier : l’enseignement. Reconnaissons que sur une quarantaine de leçons il n’y a pas 40 heures de pédagogie, il y a une bonne part d’accompagnement et d’entrainement.

La profession doit utiliser les moyens de réduction des coûts qu’elle a à sa disposition : nous avons un rôle de conseil auprès de nos élèves. Ne pas laisser l’élève continuer dans une formation longue, l’amener vers la Conduite Supervisée, ou l’AAC, engager le dialogue avec lui et ses parents. Beaucoup d’exploitants font ce travail de conseil, mais ceux qui ne le font pas sont encore trop nombreux.

C’est un reproche qui est souvent fait aux écoles de conduite.

Il faudra, aussi, que la profession réduise les frais qu’elle demande pour les présentations aux examens. J’ai vu des frais de 350€ pour un examen ETG, en plus dans ce cas précis l’école de conduite n’accompagne même pas ses élèves à l’examen. Je trouve cela honteux !

Bien sûr qu’il est normal de prendre des frais de présentation aux examens, cela à un coût pour l’entreprise, mais ces frais doivent être mesurés.

Quelle image donne-t-on lorsque une leçon de conduite est vendue 40€ et un examen 200€ ? L’image que nous gagnons notre vie non pas sur notre métier, mais sur les places d’examens, c’est déplorable. Tout comme il est déplorable de voir ces promotions sur Groupon, promotions qui donnent à penser que les écoles de conduite peuvent baisser leurs tarifs de 40% ! Alors bien entendu le fait que le nombre de place soit limité, que la pression de l’Administration se répercute sur les élèves etc etc, oui cela peut expliquer la situation actuelle, mais si nous voulons être entendus et obtenir plus de places, nous devons faire un effort.

Je pense à ce comparatif fait un jour par Joël CASSEGRAIN, Vice-président de l’UNIC, avec les restaurateurs. Quand les premières réglementations sur l’alcool et la conduite sont apparues les restaurateurs ont hurlé de crainte de déposer le bilan, en effet ils gagnaient beaucoup d’argent sur la vente d’alcool. Ils avaient juste oublié que leur métier c’est de faire des repas et que c’est bien de là qu’ils doivent sortir leurs ressources principales.

Il en va de même pour notre profession, c’est sur les leçons de conduite et sur les leçons théoriques que nous devons gagner notre vie, en un mot sur l’enseignement. les autres ressources doivent être considérées comme des ressources accessoires.

Ainsi je pense qu’il devrait être impossible de trouver en France des leçons de conduite à moins de 55€ de l’heure.

Mais pour arriver à cela il faut, non seulement un changement de gestion, mais aussi une réflexion sur la valeur ajoutée que nous apportons dans les leçons, sur la technicité de nos enseignements etc. Nous ne pouvons pas rester sourds aux critiques qui sont faites sur l’apprentissage de la conduite.

Dans le monde du travail on considère de plus en plus que le permis est insuffisant. Des sociétés de post permis se développent. Notre profession n’aurait-elle pas les compétences pour faire plus ? Ne devrions nous pas nous regrouper pour développer des formations plus ambitieuses ?

Nous avons, dans cette profession, les compétences nécessaires. Après tout, dans ces formations post permis telles que « conduire juste » on y apprend ce que tout bon enseignant de la conduite apprend tous les jours à ses élèves. La différence c’est l’outil de travail, c’est le fait qu’en post permis l’expérience rend le stagiaire plus réceptif. Mais sur le fond les enseignements sont souvent les mêmes.

Le propre d’un enseignant de la conduite c’est de penser qu’il est le meilleur du monde. D’où, peut-être, les difficultés qu’ils ont à travailler en équipe. D’où le fait que nous avons beaucoup de difficultés à nous regrouper, nous voulons tous être notre propre patron. Et cela nous empêche de créer des structures communes pour aller plus loin que le permis de conduire et concurrencer les sociétés du post permis.

Moins de leçons, plus de compétences, une diversification de l’activité, des tarifs de leçons plus élevés. Voilà ce vers quoi la profession doit aller.

Mais ça n’est que mon avis.

 

 

 

 

 

4 comments on “Réflexions personnelles

  1. le problème du nombre de lecons est essentiellement due a la non transmission du savoir, par soit les parents, les amis, la famille; au senegal un elève monte dans une voiture ecole que si il sait dèmarrer et passer les vitesses! le but de l èvaluation de dèpart est fait pour faire comprendre cet etat de fait!la nègligence de l èducationde de la famille en gènèral fait en sorte qu il faut touver un responsable! et c est nous? l importance de l evaluation n est pas comprise en totalitè par la profession la solution serait qu elle soit effectuèe par des organismes privèe afin qu enfin on s apersoive que la transmission du savoir est indispensable et qu enfin après avoir essayer d inculquer les prèmices de la conduite on soit enfin respecter pour notre travail.

  2. Les raisons de l’augmentation du nombre de leçons sont multiples. Mais une chose me semble évidente c’est que la profession doit réfléchir à des solutions pour baisser ce volume. Nous devons lutter contre les mauvaises pratiques d’exploitants peu scrupuleux, peu professionnels, ces pratiques nuisent à l’image de la professions même si elles sont minoritaires, c’est une des raisons pour lesquelles l’UNIC demande la création d’un conseil de l’ordre (voir http://www.auto-école-autrement.com).
    Sur l’évaluation vous avez raison sur le fait qu’elle devrait être réalisée par un organisme neutre, là encore voir http://www.auto-école-autrement.com, nous l’avions dit et écrit dès 2008.

  3. Bonjour, vous oubliez à mon sens un élément important pour expliquer l’augmentation du nombre d’heure de formation, c’est la complexité des aménagements et infrastructures. Regardez en ville, îlots centraux, terre-plein, tout est fait pour casser la vitesse des usagers à moteur et protéger les modes de déplacements doux, vélos piétons, ainsi que faciliter les transports en commun, et c’est très bien. Sauf que pour nos élèves, et bien c’est plus complexe, donc plus long à maîtriser.

    Cordialement.

    • Effectivement, vous avez raison c’est un oubli et il mérite d’être corrigé. Le nombre de véhicules, la taille et la puissance des véhicules sont aussi des facteurs à prendre en compte

Ecrire un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.