Rasl l’bol de cette stigmatisation

En cette fin de mois d’août ce ne sont pas les yeux que nous avons ouvert c’est nos oreilles et elles ont sifflé !

Voilà que pour la rentrée la CLCV s’est fendue d’une enquête sur les écoles de conduite. Après tout c’est leur droit.

Pourquoi cette enquête ? Quel but recherche cette association ? Informer le gouvernement ? Informer les consommateurs ? Dans ce cas il faut être rigoureux, précis et sans parti pris.

Prenons un exemple : sur les différences de tarifs, il suffit de quelques minutes pour trouver à Paris, une école de conduite qui propose un forfait à 739€ et à Lille une école qui propose le même forfait à 1 150€ !

Or la présentation des tarifs tant à démontrer des différences. Différences à l’avantage de la province. Voilà donc une présentation orientée. De plus lorsque l’on veut faire une telle démonstration il faut, à minima, prendre en compte tous les facteurs qui influent sur les tarifs. Coût de l’immobilier (loyer des locaux), coût du travail (les salaires des enseignants ne sont pas identiques entre la province et Paris), etc.

Sur les taux de réussite, il n’est en aucun cas fait mention de l’importance du travail de l’inspecteur, de la configuration du centre d’examen, du stress des élèves à l’idée de délais excessivement longs en cas d’échec. Rien ! Juste une demande d’affichage des taux sans même tenter de comprendre ce qu’il y a derrière et surtout les conséquences d’un tel affichage.

Malgré cela la CLCV demande l’affichage des taux dans chaque auto-école. Il n’est pas certain que cet affichage soit bénéfique pour le consommateur. En effet il semble logique que l’école qui affichera un très bon taux le fera payer sous prétexte de qualité. Nous risquons même de voir certains établissements sélectionner les élèves et donc rejeter les moins doués. De plus derrière  le taux de réussite, il y a le nombre de leçons, à taux égal le nombre de leçons est-il le même d’un établissement à l’autre ? Ainsi les écoles de conduite « forcerons » sur la quantité de leçons pour optimiser le taux de réussite, cela se fait déjà du fait du système d’attribution des places d’examens.

Que risque-t-il de se passer si demain on affiche les taux sans prendre de précautions ?

Tout simplement les écoles de conduite ne garderons pas les élèves en difficultés, le nombre de leçons augmentera et donc le coût du permis. Nous irons droit vers le permis des très riches et l’exclusion des autres.

Tout cela n’est vraiment pas sérieux.

Mais une question se pose. Où était cette association lors des manifestations des écoles de conduite pour obtenir plus de places d’examens ?

Où étaient les représentants de la CLCV ? Pourquoi ne disent-ils rien sur ce sujet qui est pourtant essentiel pour le consommateur ?

Est-ce si difficile de dénoncer les manquements de l’État en la matière ? Sans doute lorsque l’on est nommé au CSER par le Ministre lui même…

Alors voilà que cette association, peut-être sans le vouloir, à déchaîner la presse contre toute une profession.

La CLCV publie son enquête et les chiens aboient.

Mais la CLCV n’est pas seule à l’origine des critiques régulièrement formulées contre notre profession, régulièrement ces sujets reviennent dans l’actualité.

Les exploitants d’écoles de conduite se sentent mal aimés et montrés du doigt.

Bien sûr qu’il y a des problèmes, évidemment qu’il faut sans cesse améliorer, sans doute y-t-il dans notre profession des exploitants à l’honnêteté douteuse. Pour autant l’immense majorité des enseignants fait correctement son travail.

J’ai toujours pensé qu’avant de remettre en cause les hommes il faut remettre en cause les systèmes. J’ai la faiblesse de penser que l’homme n’est pas foncièrement mauvais, mais que mis dans un système inique il s’adapte et que le système provoque des comportements critiquables.

Je pense donc qu’il nous faut changer le système actuel et ce sur plusieurs points.

La CLCV critique les évaluations initiales et elle a sans doute raison sur ce point. Mais peut-on demander à un exploitant de faire une évaluation objective alors qu’il doit faire face à une concurrence importante et qu’il risque d’y perdre son client ? Il faut être naïf pour le croire.

C’est pour cette raison que l’UNIC, dans son projet « auto-école autrement » a proposé que l’évaluation soit faite par un organisme indépendant, avec en parallèle la suppression des 20h obligatoires, dans ce cas l’évaluation devient le minimum obligatoire. Il existe des outils performants pour évaluer un individu, cela est donc possible. Ainsi le consommateur saura à quoi il s’engage et pourra librement choisir son école à l’appui de cette évaluation.

Il ne s’agit pas là de mettre en cause les compétences des enseignants, mais de leur éviter d’être en position de juge et partie. Position qui donne à penser à l’élève que l’évaluation n’est pas objective.

Voilà donc une réforme systémique qui va dans le sens d’une meilleure information du consommateur sans mettre à mal la profession.

Toujours dans le même raisonnement il est tant de changer le système d’attribution des places d’examens. Système que l’UNIC à toujours refusé. C’est bien ce système qui fait que les présentations aux examens coûtent de plus en plus cher aux consommateurs et c’est bien ce système qui met hors du cricuit des candidats ayant échoué et que les écoles de conduite en veulent plus ou acceptent avec des conditions financières démesurées : « je vais perdre une place, donc tu paye » !

Ce ne sont pas les individus qui sont mauvais, c’est le système.

Il y a quelques mois un patron d’une société de lobbying m’a posé la question suivante :

« Pourquoi les écoles de conduite sont-elles mal aimées du public ? »

J’ai alors pensé à l’époque où j’ai passé mon permis et je me suis rappelé que dans la ville où j’habitais il y avait deux auto-écoles et trois enseignants qui étaient respecté autant que l’instituteur. je me suis rappelé, aussi, qu’à cette époque les candidats étaient convoqués par l’administration. Donc pas de conflits sur ce point entre école et élèves.

Je lui ai donc répondu : « sans doute depuis que notre profession convoque elle même les élèves. » Mais cela n’engage que moi et j’ai conscience que la société a évolué et que même l’instituteur n’est plus respecté comme avant.

Je ne dis pas qu’il faut remettre l’ancien système, mais je pense que sauf à ce que l’école de conduite puisse avoir des places en quantité souhaitée et à la période qui lui convient, il est certainement préférable que nous soyons débarrassés de la gestion des places d’examens.

N’ayons pas peur de l’avenir, mais craignons l’immobilisme et le statut quo sur le système actuel.

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