Un nouveau modèle économique pour les écoles de conduite ?

C’est la crise !

Baisse des inscriptions, discours récurent sur le coût du permis qui serait trop élevé, baisse du pouvoir d’achat, etc. Dans un tel contexte chacun cherche des solutions. Le consommateur espère toujours payer moins cher, le vendeur cherche des solutions pour attirer les clients.

Nouveaux modèle économiques, co-construction, co-participation, co partout, en tout et pour tout. Co égal ensemble, égal plus forts égal le système GROUPON !

Notre profession n’échappe pas à ces pratiques. Ainsi nous voyons des prix cassés, voir des formules gratuites ! Mais la solution miracle existe-t-elle ? Un nouveau mode de gestion existe-t-il ? Personnellement je n’y crois pas.

Les marges de notre profession ne permettent pas des rabais, de 30% ou plus, comme nous pouvons le voir dans certaines annonces sur Groupon par exemple. Notons que dans ce système Groupon est le seul gagnant.

Alors nouveau « business model » ?

Imaginons qu’une école de conduite promette une formation comprenant la théorie et 20h de pratique au tarif de 500€.

Elle financera cette formation qui coûte 1200€ avec l’argent des clients suivants (il lui suffira de promettre un tarif bradé pour s’attirer de la clientèle et durer). Le système est viable tant que la clientèle afflue, attirée par des prix très bas (et d’autant plus tentée par le fait que les premiers clients sont satisfaits d’avoir payé si peu et font la publicité de l’école de conduite). Le système fait alors boule de neige, entretenu par l’afflux régulier de nouveaux clients. Un tel système peut durer longtemps tant que le flux de nouveaux clients est régulier, voir exponentiel selon la croissance d’inscriptions. Lorsque les nouveaux arrivants se font rares la chaine se coupe, la bulle explose l’entreprise va droit au dépôt de bilan (car en réalité elle vit grâce au crédit apporté par les nouveaux clients), les élèves en cours de formation et les derniers arrivés sont spoliés, ils perdent tout. Les seuls gagnants sont ceux qui ont fini leur formation avant la catastrophe. (Rédaction Librement inspirée de l’explication de la pyramide de Ponzi en l’appliquant à notre profession.)

Ce système est-il révolutionnaire ? En fait non c’est l’application d’une vieille méthode appelée « pyramide de Ponzi », Charles Ponzi qui en 1919 devint millionnaire en six mois ! Mais qui spolia 40 000 personnes !

Dernièrement et à une échelle sans commune mesure avec notre activité le cas MADOFF en est un exemple.

Alors pourquoi de nombreux clients se laissent attirés dans de tels systèmes ?

D’abord par l’apparence de sérieux de l’entreprise, laquelle possède un agrément, donc la confiance est là. Ensuite parce que l’entreprise qui propose de tels tarifs passe rapidement pour une entreprise qui n’abuse pas des clients, son prix est juste (puisque le permis est trop cher, donc les autres sont trop chers), ainsi le « client malin » ne se fait pas avoir par ceux qui pratiquent des prix élevés et le « client malin » est en plus conforté dans son choix par les médias qui, temps de crise oblige, multiplient les dossiers sur « comment consommé moins cher ». Vient s’ajouter à cela le fait que le discours sur le permis trop cher est relayé et repris par des hommes politiques entrainés dans un discours démagogique qui leur permet de s’attirer la sympathie des électeurs, ainsi le client est conforté dans son choix : celui qui brade les prix est honnête.

Autre conséquence de ce système, le bradeur par la baisse excessive des tarifs envoi le message que la profession a des marges énormes et peut baisser ses coûts (message absolument faux tous les professionnels le savent). Le client tombe aisément dans l’arnaque.

Il ne faut pas ‘étonner ensuite de voir régulièrement des catastrophes économiques qui laissent sur le bord de la route de nombreux jeunes qui y perdent leurs économies.

Pour certains exploitants l’encaissement d’avance est un mode de fonctionnement habituel, voir un nouveau mode de gestion. C’est d’ailleurs  le principe du permis à 1€/jour et c’est ce principe qui amène l’idée d’une obligation de « garantie financière ». Ainsi on mutualise le prix de vente en le partageant entre les clients, on fait de la trésorerie avant même d’avoir fait le travail, on instaure l’encaissement d’avance comme mode de gestion et on assure le risque par la fameuse garantie financière. Même si le permis à 1€/jour n’a pas pour objectif de brader les prix.

Il ne faut pas s’étonner ensuite qu’il y ait des catastrophes économiques, je pense là à un collègue qui avait 50 000€ d’encaissement d’avance et avait utilisé l’argent sans avoir fait le travail, faute d’inscriptions nouvelles il a fermé son entreprise…

Je reste persuadé que la meilleure garantie financière pour le client c’est justement de ne pas payer d’avance. De plus je suis convaincu que si l’encaissement d’avance reste marginal dans le chiffre d’affaire les prix seraient plus élevés. Car le permis n’est pas trop cher, globalement le coût de la formation suit le montant d’un mois de smic et c’est ainsi depuis des années. Cette mutualisation du prix de vente entraine une baisse des prix (mais pas des coûts de production) et une augmentation du risque.

De plus ces exploitants bradeurs deviennent gros consommateurs de places d’examens, or nous pouvons nous poser la question suivante : la formation à la conduite automobile est-elle un produit marchand comme un autre ?

Pour ma part je me pose beaucoup de questions sur le problème des places d’examens. En effet si une augmentation du nombre de places doit favoriser ces bradeurs alors cela n’est pas acceptable. C’est pour cela que l’UNIC a proposé que les places ne soient attribuées qu’en regard d’une obligation de formation. C’est pour cela, aussi, que j’ai toujours demandé aux délégués départementaux de l’UNIC de s’opposer à toutes les demandes de places supplémentaires émanant de bradeurs. En effet est-il moralement acceptable de laisser une entreprise attirer chez elle, par des pratiques commerciales discutables, des clients dont elle sait pertinemment qu’elle n’a pas les moyens de les présenter aux examens ? Il est facile ensuite de dénoncer l’administration !

Notre profession ne peut-elle pas prendre le problème autrement en régulant, par le prix, le nombre d’inscriptions en fonction du nombre de places attribuées. Ne vaut-il pas mieux, à chiffre d’affaire égal,  faire 6 heures de cours par jour plutôt que 10 ?

Un prix juste qui permet à chaque heure produite de créer du profit c’est la garantie de durer dans le temps, il faut sortir de la recherche de volume, toujours plus d’élèves et toujours plus de leçons/élèves cela n’est plus possible.

 

 

 

 

2 comments on “Un nouveau modèle économique pour les écoles de conduite ?

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