Ils pensent à nous ou la révolte des sous-doués du permis de conduire

Ces êtres étranges pour qui la conduite automobile est acte incompréhensible. Leur objectif : la liberté d’apprendre, la liberté de conduire. Leur but : réformer la profession d’enseignants de la conduite. Je les ai rencontré au détour de mails alors que je cherchais une réforme que je n’ai pas trouvé. Maintenant je sais qu’ils sont là, parmi nous. Ils veulent nous disrupter !

Bon sérieusement, je prendrai deux exemples : Ornikar et Gaspard KOENIG.

Gaspard KOENIG

Les fondateurs d’Ornikar disent eux mêmes avoir galéré pour obtenir le permis de conduire, Gaspard KOENIG quant à lui l’a raté 10 fois (excusez du peu !) à la fois en France et en Angleterre ! On doit être proche du Guinness Book. Comment voulez-vous qu’après cela ce monsieur aime notre profession et le système qui la régit ?

ORNIKAR

Les fondateurs avaient annoncé la couleur : « nous allons nous attaquer au monopole des auto-écoles ». Avant de se raviser et de revoir leur communication à tel point que le journal « L’Opinion » a retiré le premier article. A noter qu’il est rare de voir un média se livrer à une telle connivence avec une entreprise privée à but commercial. A moins que ce journal ne soit pas neutre ? Donc plus de traces de cette communication trop franche.

L’objectif d’Ornikar est clair : changer la profession et les mots sont durs :

On parle de monopole

« Le modèle d’aujourd’hui est un peu d’hier »

« cette profession n’a pas encore été disruptée« .

Disrupté de l’anglais disrupt qui signifie perturbé, déséquilibrer, démanteler. Nous allons donc être « perturbés » au moins pire et ce sera un progrès, enfin d’après eux.

GASPARD KOENIG

C’est la même approche qu’Ornikar et peut-être est-il à l’origine de la pensée des fondateurs d’Ornikar. Pour lui notre système représente « tous les maux dont souffre notre pays.« Rien que ça !

On retrouve la même rhétorique en plus dur peut-être, l’attaque est violente et le jugement sans appel, racket, monopole etc.

Ce monsieur est directeur de « génération libre » un think-tank ultra libéral pour qui l’État n’est qu’un frein qui doit être réduit à sa plus simple expression. C’est bien dans l’esprit très libéral de l’Union Européenne qui veut démanteler les professions réglementées. Ce libéralisme effréné que les peuples rejettent de plus en plus mais le peuple a souvent tord… Seul le marché a raison et seul le marché doit décider. Donc monsieur Gaspar KOENIG prône la déréglementation, l’inscription en ligne etc, tout le concept Ornikar.

Haro sur l’Administration, sur la profession et vive la liberté.

Plus de concurrence = des prix plus bas= moins de chômeurs. C’est le plein emploi payé pas cher !

Et donc :

Plus de concurrence = des prix plus bas = des travailleurs pauvres. Va falloir choisir.

La liberté se paie et risque de se payer cher pour certains. Je ne suis pas convaincu que les moniteurs « freelance » vivent mieux et puissent se payer une protection sociale équivalente aux moniteurs salariés, quant à la retraite ils verront plus tard et peut-être trop tard. M’enfin ils sont libres et heureux, n’est-ce pas !

C’est vrai qu’après avoir raté 10 fois son permis on peut comprendre une certaine haine d’un jeune étudiant prometteur pour qui l’avenir se présente sous les meilleurs auspices et qui but sur le diplôme que tous les français, mêmes les moins intellectuels, arrivent à décrocher. Comment, lui, peut-il être à ce point rejeté par un système ? Il n’en faut pas plus pour condamner le système, tout le système.

MONOPOLE

Définition du Larousse :

  • Privilège (de droit ou de fait) dont dispose un individu, une entreprise ou un organisme public de fabriquer ou de vendre seul certains biens ou certains services à l’exclusion de tout concurrent.
  • Possession exclusive de quelque chose : S’attribuer le monopole du patriotisme.

D’après WIKIPEDIA

Le monopole (du grec monos signifiant « un » et polein signifiant « vendre ») est, au sens strict, une situation dans laquelle un offreur se trouve détenir une position d’exclusivité sur un produit ou un service offert à une multitude d’acheteurs. Lorsque cette situation d’exclusivité dans une activité est établie au profit de la puissance publique, on parle de « monopole d’Etat » ou de «monopole public».
Par extension (plutôt abusive) le terme de monopole est souvent utilisé pour décrire une situation proche de la définition précédente mais distincte : Le terme « monopole » est alors appliqué à une entreprise qui n’est pas à proprement parler en situation de monopole mais domine largement un marché où la concurrence existe encore, mais de manière marginale. En l’occurrence, le terme de position dominante est préférablement employé par les autorités et la réglementation de la concurrence
Parmi les concepts voisins mais dont la définition et la portée doivent être clairement distingués,il convient de remarquer :

L’oligopole qui décrit une situation de marché où un petit groupe d’offreurs se partagent un marché à parts plus ou moins égales.

Notre profession :

Elle est réglementée mais ne répond pas aux définitions de monopole. En effet tout un chacun peut ouvrir une école de conduite du moment qu’il se plie aux règlementations concernant l’agrément.

Au mieux nous pourrions parler de système oligopole, et encore !

Le discours sur le monopole est donc une erreur. Mais une erreur volontaire qui n’a qu’un seul but faire croire au peuple que la « mafia auto-école »  s’organise à ses dépends.

Racket, voilà encore un mot utilisé contre notre profession.

Larousse :

extorsion d’argent par intimidation ou violence

Fort heureusement notre profession n’en est pas là. Voilà donc encore un mot employé à tord et a seule fin que de décrédibiliser la profession.

Comme nous sommes réglementés on nous oppose souvent à l’apprentissage libre (encore la liberté). Mais si l’État a décidé de réglementer cette profession c’est pour des raisons de sécurité routière et il se trouve que certains pays qui ont déréglementé l’enseignement de la conduite en reviennent aujourd’hui. le Canada revient à une obligation minimale de formation, la Belgique pays on ne peut plus libéral en matière d’enseignement de la conduite se pose des questions et le débat est ouvert.

Vive l’apprentissage libre ?

L’UNIC a toujours demandé une réforme de la profession par contre nous ne sommes pas pour une libéralisation totale.

je ne crois pas qu’il soit positif de laisser le marché libre, une réglementation doit toujours exister pour éviter les abus en tout genre et surtout pour protéger les usagers de la route.

L’apprentissage de la conduite ne peut pas être considéré comme un produit marchand. Il s’agit d’un enseignement et il doit être encadré, ce qui n’est pas contradictoire avec notre souhait de réforme de la profession.

Il faut, c’est certain, réinventer notre métier et pour cela il faut définir ce qu’il convient de garder et ce qu’il convient de changer. Proposer et être imaginatifs, intégrer les outils modernes, maîtriser le e-learning, à l’heure de la dématérialisation comment optimiser notre métier avec Internet, tout en gardant à l’esprit que la formation du conducteur ne peut et ne doit pas être considérée comme une marchandise, que la formation doit rester un outil essentiel dans la lutte contre l’insécurité routière car il en va de la vie de nos jeunes.

Pour cela l’UNIC va, dès le mois de septembre, organiser un colloque de réflexion sur l’avenir de l’apprentissage de la conduite. Bien entendu toutes les organisations professionnelles ainsi que les groupements seront invités à y travailler et à s’exprimer.

Mais c’est à la profession et à elle seule de définir son avenir. Ne laissons pas quelques sous-doués révoltés le faire à notre place.

« Il ne suffit plus de rappeler l’urgence. Il faut aussi savoir commencer, et commencer par définir les voies nouvelles. »     Edgar Morin (La Voie, 2011).

 

 

 

 

8 comments on “Ils pensent à nous ou la révolte des sous-doués du permis de conduire

  1. Bonsoir.

    Je viens de voir que les moniteurs peuvent donner des heures de conduite de 7h a 23h et cela 7j/7.
    Il me semble que seuls les patrons d’établissements dument agréé peuvent donner des leçons le dimanche. Même un auto entrepreneur ne peut pas travailler le dimanche.
    Autre point on peut être auto entrepreneur donc prestataire de service mais la loi est clair.
    Dans l’arrêté du 8 janvier 2001 relatif a l’exploitation des établissements d’enseignement à titre onéreux dans l’article 2 a l’alinéa 14 il est stipulé que l’établissement doit pouvoir faire:
    « 14° La justification de la propriété ou de la location du ou des véhicules d’enseignement ainsi que, pour chacun d’eux, l’attestation d’assurance couvrant les dommages pouvant résulter d’accidents causés aux tiers dans les conditions prévues par l’article L. 211-1 du code des assurances.  »
    Donc a moins que tout les véhicules soient a Ornikar ils ne peuvent faire appel a des auto entrepreneurs qui ont leurs propre véhicules.

    Mais bon quand je vois comme l’état fait respecter l’arrêté du 16 juillet 2013 relatif a l’apprentissage libre de la conduite(rien n’a changé) je me dis que Ornikar et les autres qui vont suivre n’ont rien a craindre.

    Cordialement.

    • Effectivement seul l’exploitant d’une école de conduite peut travailler le dimanche, pour tous les autres c’est interdit. Votre conclusion ne fait que confirmer ce que je pense depuis longtemps, il ne faut pas ou plus, compter sur l’État pour faire respecter les règles car il n’en a plus les moyens. C’est à notre profession de se prendre en charge et pour cela il nous faut créer une instance forte qui soit réellement représentative de la profession et seulement de la profession.
      Quand à Ornikar si vous êtes adhérents de l’UNIC vous avez reçu tous les éléments du dossier.

      • Bonjour,
        alors, si on peut faire n’importe quoi je vais inciter mes cinq moniteurs à se mettre en indépendants; ils gagneront (peut-être) plus et moi je ne paierai plus de charges insupportables.
        Et bon courage aux DDTM pour gérer les candidats aux examens…dossiers incomplets, pas signés…etc.
        Quand je vois le temps que je passe à organiser les examens, je me demande bien qui le fera si les exploitants d’auto école laissent l’affaire.

        • Il est clair que les écoles de conduite sont face à un changement, une mutation. Pour autant je ne pense pas qu’elles soient mortes. Mais il edt vrai qu’il va falloir s’adapter.

  2. Pingback: ORNIKAR qui mal y pense ! | UNIC

  3. Bonjour, avez vous une source concernant ce qui s’est passé au Canada ? (Déréglementation puis retour en arrière avec durcissement)

    Je cherche mais ne trouve pas….

    Merci d’avance !

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