Réforme des places d’examens. Où allons-nous ?

Le 24 septembre monsieur Manuel VALLS, Ministre de l’Intérieur, ouvrait les discussions sur la réforme des places d’examens. Les professionnels de l’enseignement de la conduite, les candidats, tous attendent cette réforme, l’espoir est grand, si grand qu’il ne doit pas être déçu.

Il s’agit d’une réforme d’importance, d’une réforme difficile à mener du fait des enjeux et des positions opposées des différentes organisations, une réforme qui ne doit pas être prise à la légère, d’une réforme qui nécessite des discussions, des compromis et cela prend du temps. Du temps, oui, mais aussi de la rapidité car la profession est en difficulté dans de nombreux départements. L’administration coule et tente, tant bien que mal, de gérer les problèmes (reconnaissons au passage que l’équipe de la DSCR fait de son mieux et y met de la bonne volonté), alors le temps il faut le trouver non pas sur la durée, mais sur le nombre de réunions et d’échanges entre les différents acteurs.

Et c’est bien là le problème. Le calendrier qui a été fixé est simple :

Une réunion d’ouverture le 24 septembre. C’est fait

Un entretient en tête à tête avec madame Florence GILBERT, Présidente du groupe de travail. C’est fait.

Une réunion plénière le 14 novembre, réunion de synthèse et propositions des mesures d’urgence. C’est fait

Deux groupes de travail technique :

  • Sur l’optimisation des possibilités d’organisation des renforts IPCSR,
  •  Sur la méthode nationale d’attribution des places.

Une réunion début décembre, pour les mesures pérennes.

Et pis c’est tout !

De plus c’est le CNSR qui a été choisi comme lieu de débat et l’UNIC, deuxième syndicat de la profession n’y est pas ! Du fait de ce choix, exit la DSCR ! Exit les organisations professionnelles représentatives ! Car si nous sommes bien dans le groupe de travail, nous ne sommes pas invités aux réunions du CNSR.

Or la seule instance de concertation de la profession c’est le CSER.

Que doit-on en penser ?

Que l’affaire est déjà bouclée et que ces réunions ne servent qu’à donner l’illusion d’une concertation ? Allons, allons, les politiciens ne sont pas comme ça voyons !

Mais tout de même, il est difficile de comprendre cette méthode dans laquelle seule la présidente écoute les uns et les autres, sans que rarement les différents participants ne se rencontrent pour confronter leurs idées.

Mieux, il n’y a aucun échange de mails et aucune communication transversale, rien, rien, rien !

Et voilà que le CNSR va se réunir et faire ses propositions au Ministre.

 

La question se pose.

Car enfin voilà une bien étrange façon de travailler. On cloisonne les discussions, les différents acteurs ne se rencontrent pas, seule la Présidente reçoit l’ensemble des idées et, seule encore, en fait la synthèse. Mieux elle décide, seule, de faire étudier par la DSCR le projet de l’UNSA-SANEER, alors que la veille cela n’avait pas été prévu lors de la seule réunion plénière du 14 novembre.

Sans faire de procès d’intention à la Présidente, madame Florence GILBERT,qui est sans doute prise par le temps et y met toute sa bonne volonté, cherchant à comprendre un milieu qu’elle ne connait pas.

Qu’elle ne connait pas ? Enfin c’est ce qu’elle dit. Alors regardons d’un peu plus près qui est la belle enjôleuse. L’ingénue l’est-elle vraiment ?

Avant tout elle est présidente de la commission « jeunes et éducation routière » du CNSR, Comité National de Sécurité Routière. Nous pouvons penser qu’un tel poste demande juste un minimum de connaissances du sujet et donc, entre autres de la formation du conducteur. C’est juste mon avis.

Mais avant tout elle est directrice de l’association voiture and co, à voir aussi sur facebook. Une association dont les objectifs sont :

« Depuis plus de 14 ans, elle intervient sur trois domaines d’action : la sécurité routière, la mobilité durable, l’insertion. »

Bon, si depuis 14 ans l’association intervient en sécurité routière nous pouvons penser que la formation ne lui est pas totalement étrangère. Mais admettons.

Creusons un peu plus, que trouvons nous ?

\\ L’auto-école de La Ciotat est dans La Provence !

Mardi 10 septembre, Voiture & co a eu un très bel article dans le journal La Provence sur le fonctionnement de l’auto-école de La Ciotat.

Pour lire l’article de La Provence – 10 septembre – L’auto-école qui fait bouger vers l’emploi !

Ah ! Donc « voiture and co » est une association qui possède une (peut-être d’autres) école de conduite associative. Bon c’est leur droit, mais ça pose question, car voilà notre présidente qui dit ne pas connaitre notre profession. Là, je coince un peu. Après tout pourquoi ne pas le dire ?

Nous avons donc face à nous une femme, tout à fait respectable et charmante, qui est une personnalité importante du milieu associatif, une fondue du social.

Ce qui donne un éclairage nouveau sur la proposition qu’elle m’a soumise le 24 octobre. Son objectif ? Développé l’AAC. Comment ? Voyons donc cela :

1° – Par la formation de jeunes (elle parle là de jeunes qui passent le BAFA), mais il est possible de faire de même avec des retraités, donc de jeunes qui complètent la formation BAFA avec un module « accompagnateur ».

2° – Ces jeunes vont accompagner d’autres jeunes qui ne peuvent faire l’AAC par manque d’accompagnateur.

3° – Ce sont les écoles de conduite qui paient les accompagnateurs et qui prêtent des voitures.

4° – On finance le tout par une taxe. Je l’appellerai « taxe solidarité AAC » !

5° – L’école de conduite intègre dans le forfait de base le coût de tout cela. Et cerise sur le gâteau ça ne coûte pas plus cher à l’élève.

Bon, là on va se poser, on s’assoit, on respire et on se détend.

Il est vrai qu’avec l’argent des autres nous pouvons faire plein de choses et avoir plein de projets. Si, si.

Madame la Présidente rêverait-elle de faire de nos entreprises d’écoles de conduite une immense auto-école sociale nationale financée par l’impôt des français. Que c’est beau !

L’UNIC a bien proposé une taxe, mais pour financer les examens, c’est tout de même différent car elle est payée par ceux qui passent l’examen, pas par tous les français.

L’UNIC a réagi immédiatement en lançant un sondage auprès des écoles de conduite et de tous ceux qui s’intéressent au sujet.

Mais la situation de madame la Présidente, pose une autre question.

Toute situation qui peut susciter un doute raisonnable sur l’impartialité et l’indépendance d’un professionnel, même à tort, expose celui-ci au reproche de conflit d’intérêts.

Voilà donc une Présidente d’un groupe de travail qui est chargé de trouvé une solution au problème des places d’examens, groupe de travail dans lequel nous trouvons une organisation représentant les écoles de conduite associatives, mais aussi les organisations représentatives du secteur marchand, et qui est elle même à la tête d’une école de conduite associative.

D’où, peut-être, la proposition faite lors de l’entretien du 24 octobre. La question se pose alors de son impartialité, de sa neutralité et de son indépendance pour prendre les bonnes décisions.

D’ailleurs le groupe de travail sur la réforme des places n’est rien d’autre que la commission « jeunes et éducation routière » du CNSR, commission élargie, pour la circonstance des organisations représentatives de la profession et des syndicats d’inspecteurs.

Ce qui permet de comprendre les sujets abordés, lesquels sont très éloignés du seul problème des places d’examens.

En fait Madame la Présidente est hors sujet, elle s’est lancée dans une réforme de la profession.

Il suffit de regarder les pistes proposées, pour exemple :

  • Certification des écoles de conduite. Déjà prévu par la réforme de 2008
  • Développement de l’AAC. Déjà prévu par la réforme de 2008
  • Rénovation du BEPECASER.
  • Redéfinir les termes du contrat type passé entre le candidat et l’école de conduite (ex : Retirer le forfait de 20h, retravailler l’évaluation du candidat). Proposition qui sera étudiée dans les mesures pérennes.
  • Redéfinir le parcours du candidat au permis de conduire (de la formation à l’obtention du titre) en améliorant la formation théorique et en imposant 2 RDV pédagogiques pendant le permis probatoire. Proposition qui sera étudiée dans les mesures pérennes.
  • Élargissement des missions des inspecteurs au rôle de contrôle avec mise en place d’une formation des inspecteurs. Proposition qui sera étudiée dans les mesures pérennes.
  • Mise en place d’une démarche qualité du système (écoles de conduite et évaluation). Proposition qui sera étudiée dans les mesures pérennes.

Ceci dit, il ne s’agit pas de demander qu’elle soit remplacée, non pas si vite, pas tout de suite. Je suis convaincu que l’avenir nous montrera son impartialité et sons sens de l’intérêt commun..

Nous allons discuter, négocier, proposer et tout cela va s’arranger. Nous reviendrons très vite à l’essentiel : la production des places d’examens.

Nous ne cessons de le rappeler la réforme des places d’examens, n’est pas la réforme de la profession et le CNSR n’est pas l’instance de concertation de la profession.

Le temps presse et madame la Présidente devra rapidement prendre la bonne voie, sous peine de « sortie de route ».

Le sujet c’est : la production des places d’examens !

Mais voilà que le SNICA-FO (la lecture de ce lien ne laisse aucun doute sur leurs intentions) lance une grève illimité, comme en 2002. Certains nous disent qu’il s’agit d’une grève sur des revendications sectorielles, lesquelles ne concernent pas la profession.

Sans doute, en partie, mais en partie seulement, car à bien lire les revendications certaines sont loin d’être neutres en regard de la réforme en cours.

Dans le préavis de grève illimitée du SNICA-FO du 20 novembre au Ministre nous pouvons lire :

../.. Le maintien de toutes les missions des IPCSR et DPCSR
Le recrutement d’IPCSR et de DPCSR en nombre suffisant pour assurer l’ensemble des missions dans des conditions satisfaisantes pour les personnels et les usagers../..

Soit les responsables de l’UNIC ne savent pas lire, soit il ne s’agit pas de revendications sectorielles.

N’oublions pas qu’en 2008, les syndicats d’inspecteurs ont torpillé les discussions avec seulement une menace de grève.

Il est évident que si le Ministre cède aux revendications ci-dessus, il sonnera, ainsi, le glas des discussions en cours.

Ne nous y trompons pas nous sommes dans un rapport de force qui devait arriver. C’est pourquoi il est essentiel que la profession montre avec clarté, donc massivement, sa détermination à vouloir une véritable réforme. Faute de quoi, encore une fois, la déception sera grande.

Les revendications des inspecteurs sont diamétralement opposées aux demandes de la profession et cela peut se comprendre. Il est certain que le consensus sera difficile à obtenir et que le Ministre devra trancher en fonction des propositions de madame Florence GILBERT.

Ce scénario nous rappelle les événements que nous avons vécu en Poitou/Charentes lors de notre lutte contre le code gratuit dans les lycées. Nous étions seuls (avec la FNEC locale) à nous opposer à ce projet. Nous n’avons rien lâché. Résultat le projet de la région Poitou/Charentes est resté dans les tiroirs.

Là encore l’UNIC ne lâchera rien.

N’oublions pas qu’en 2002 la profession n’a pas bougé lors de la grève illimitée et que des milliers de collègues ont disparu.

C’est pour tout ce qui précède que l’UNIC appelle la profession à manifester le 29 novembre, jour de la réunion du CNSR.

Les professionnels de l’enseignement de la conduite seront-ils, une fois de plus les dindons d’une farce qui leur a été trop souvent servie ?

L’appel semble être entendu puisque l’on nous annonce déjà des collègues venant de :

  • L’ile et Vilaine
  • Des Côtes d’Armor
  • Du Morbihan
  • Des Charentes-Maritimes
  • De Saône et Loire
  • D’Alsace
  • De l’Oise
  • Même des collègues de Gironde envisagent de venir à Paris
  • Évidemment de l’Ile de France

Près de 100 véhicules lourds sont attendus.

 

 

 

 

 

 

 

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