« Y a pas un problème chef ? » « Non je vois pas »

Décidément cette société que l’on nous construit m’étonne toujours un peu plus par ses paradoxes. Nos chers politiciens nous construisent une société de liberté surveillée, ainsi on contrôle la parole qui doit être normalisée, ce qui permet de contrôler la pensée, on contrôle nos moindres faits et gestes que ce soit sur la route, dans la rue enfin partout, un jour viendra où le contrôle se fera à l’intérieur du logement mais ce sera juste pour notre sécurité.

Voilà donc la mise en place d’une société où tout est normalisée, cadrée, mesurée, pour que nous nous aimions tous les uns les autres. Car nous devons tous nous aimer c’est ainsi. Et puis nous devons tous devenir des consommateurs, effrénés si possible, pour alimenter l’économie qui a besoin de croissance perpétuelle.

Le bonheur n’est pas dans le pré il est dans la consommation. L’économie ayant pris le pouvoir nous sommes invités au grand marché mondial de la consommation, la planète attendra, l’humain se pliera aux bienfaits de l’économie. Je ne suis pas loin de penser que pour ces gens qui nous organisent cette société la perte d’un être cher est moins douloureuse que la perte d’un peu d’argent.

Vous me direz que je m’éloigne des problèmes de la profession, peut-être, mais peut-être pas tant que ça.

En effet notre profession est largement ciblée par cette volonté de consommation sans frein. C’est bien pour cela que nos dirigeants veulent la déréglementer, libérons la consommation. Tient, cela me fait penser au travail, il faut libérer le travail, le code du travail est trop complexe, dit comme cela le quidam moyen ne peut qu’être d’accord, mais derrière les jolis mots il y a la précarisation des travailleurs, l’Ubérisation, et en final une société dans laquelle les gens travailleront jusqu’à 90 ans s’ils ne sont pas morts avant. C’est vers cela que le libéralisme sans frein nous emmène.

Un député LREM de la Sarthe a dit à une collègue : « c’est le modernisme ». Hé bien si le modernisme c’est le retour des misérables et du 19ème siècle, moi j’appelle cela un retour en arrière. Mais tout cela est bien présenté avec des mots engageants tel que « vous êtes des entrepreneurs ». C’est cela vous avez donc perdu le statut de salarié, donc le droit au chômage, les congés payés, les 35 heures, pour la protection sociale débrouillez vous et je ne parle pas de la retraite. Mais vous êtes modernes !

Alors pour revenir à notre profession et bien oui nous devons être déréglementés. L’agrément est devenu un frein, le salariat aussi donc il faut développer les autoentrepreneurs et comme l’a dit le ministre Gérard COLOMB la réglementation ne doit pas être un frein. Autrement dit la réglementation on va la foutre en l’air.

Admettons donc que nous soyons déréglementés, mais alors n’y a-t-il pas un paradoxe à vouloir construire et imposer un contrat type obligatoire pour toutes les entreprises ?

Autrement dit on déréglemente quand ça arrange le commerce et l’économie et on réglemente encore plus pour contraindre l’entreprise à normaliser ses pratiques.

Car ne soyons pas dupes, créer un contrat type ce n’est rien d’autre que de réglementer les pratiques de chacun, c’est hyper intrusif. A ce sujet nous savons que le CNPA a déjà proposé une espèce de normalisation de chaque prestations. Personnellement je trouve cela inutile et surtout insupportable. Encore une fois on normalise et on déshumanise.

L’UNIC a tenté de faire un contrat pour ses adhérents, c’est très compliqué car nous ne travaillons pas tous de la même manière.

Mais le paradoxe ne s’arrête pas là car arrivera bientôt le livret numérique auquel Bercy s’est très vite intéressé, pensez-vous ! Nous aurons la mise en place du contrôle fiscal permanent et le pire c’est que certains en sont ravis car cela permettra de lutter contre le travail non déclaré, disent-ils, (ce qui est en partie vrai), et donc sous le prétexte que « je n’ai rien à me reprocher » je suis près à accepter encore une perte de liberté.

Hé bien moi c’est justement parce que je n’ai rien à me reprocher que je ne veux pas être surveillé.

Livret numérique, plus contrat type voilà une réglementation de la profession qui va plus loin que tout ce que nous avons connu, et paradoxalement les mêmes qui nous réglementent nous déréglementent sur tous les points économiques et de ce fait nous tuent.

Car il s’agit bien, non pas d’une réforme moderne, mais de l’assassinat d’une profession.

Y a pas un problème chef ? Non je vois pas !

 

 

2 comments on “« Y a pas un problème chef ? » « Non je vois pas »

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