LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT

LETTRE OUVERTE A MESSIEURS :

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE,

LE PREMIER MINISTRE

LE DÉLÉGUÉ A LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE.

 

NE ME PARLEZ PLUS DE SÉCURITÉ ROUTIÈRE !

 

Ne me parlez plus de sécurité routière. Messieurs depuis 2015 et la loi dite « Macron », les écoles de conduite sont en souffrance et d’une profession qui créait des emplois vous en avez fait une profession qui compte ses dépôts de bilans.

Votre réforme qui s’appuie sur le rapport DUMAS, rapport dont il semble évident que le contenu n’avait d’autre objectif que de valider la conclusion préalablement écrite et décidée pour être dans la ligne idéologique du parti au pouvoir, donc votre réforme n’est rien d’autre que la destruction d’une profession.

Monsieur le Premier Ministre, vous avez déclaré le 08 avril qu’en instaurant le 80km/h vous vouliez juste sauver des vies.

Comment vous croire alors que en même temps vous détruisez une profession d’excellence qui est la première pierre de la sécurité routière ?

Comment vous croire lorsque j’entends sur de grands médias des députés de votre parti expliquer que la destruction des radars les inquiètent car cela représente une perte considérable de rentrées fiscales ?

Comment vous croire alors que lorsque vous parlez du permis de conduire ce n’est qu’en terme de prix et jamais de formation ?

Ce sont bien les caisses qui sont votre premier moteur, à mon sens vous n’êtes pas un homme d’État, vous êtes un gestionnaire, un comptable.

Messieurs comment croire en votre volonté de sécurité routière alors que vous paupérisez toute une profession et au delà nôtre société ?

L’augmentation des tués ? La faute aux gilets jaunes qui ont détruit les radars, que dis-je les collecteurs de l’impôt sécurité routière ce terme me semble plus proche de la réalité. Car depuis la mise en place des radars la politique de sécurité routière se résume à la répression, encore la répression et toujours la répression. Évidemment la formation ne vous intéresse pas car en terme d’efficacité le résultat est moins rapide, alors comme vous êtes de bons comptables vous regardez les chiffres et vous voulez des résultats immédiats.

En fait vous ne parlez que d’économie, l’argent, l’argent et que l’argent. Alors vous voulez faire baisser le prix du permis, mesure populaire et ô combien populiste et qui ne peut-être qu’approuvée par le peuple. Pour cela vous aviez la possibilité de baisser les taxes et les impôts qui pèsent sur le coût de la formation. il semble d’ailleurs que le Premier Ministre vienne de découvrir l’eau chaude en se rendant compte après des mois et un grand débat que les français sont étouffés d’impôts et de taxes, mais sur ce point vous ne proposez rien, faut pas toucher que grisbi n’est-ce pas ? Donc vous optez pour la seconde possibilité : l’uberisation de la profession.

Uberisation car c’est bien vers cela que vous nous amenez. Pour baisser le prix vous allez développer les plateformes avec leur armée d’autoentrepreneurs qui ne paient pas de charges ou très peu et contre lesquelles nos entreprises ne pourront pas lutter et vous le savez très bien. L’uberisation ne profite en fait qu’aux plateformes, en effet les économies qui permettent de baisser les coûts se font sur le dos des travailleurs, en l’occurrence des enseignants de la conduite pseudos indépendants qui en fait dépendent des plateformes et deviendront très vite des moniteurs jetables. Notez que quand les plateformes auront pris le marché je fais le pari que les prix remonteront.

C’est politiquement un pari gagnant pour vous. En développant ces indépendants vous vous débarrassez de trois problèmes :

  • Les 35 heures. On en parle plus ils sont indépendants, d’ailleurs un moniteur d’une plateforme le dit dans une vidéo il travaille 45h/semaine et sans heures supplémentaires évidemment.
  • Le chômage. Car quand ils seront jetés par les plateformes ils n’auront pas de droit au chômage puisqu’ils sont indépendants. C’est formidable les chiffres du chômage pourront enfin baisser.
  • Les retraites. Ils ne cotisent pas et comme ils sont indépendants c’est leur problème, pas le vôtre ni celui de la société.
L’uberisation c’est gagnant pour le consommateur. Enfin ça c’est ce que pensent les consommateurs car plus ou moins rapidement cela arrivera dans leurs professions et ils se rendront compte, mais un peu tard, qu’ils deviendront eux aussi des esclaves modernes, et qu’ils ont alimenté un système qui fera que nous seront obligés de travailler jusqu’à la mort.
Vous n’êtes que des comptables au service d’une économie que vous ne contrôlez plus depuis bien longtemps.
Alors pour faire bonne figure vis à vis de la profession, vous lui donnez un os à ronger.
Après avoir trahi les écoles de conduite qui vous ont fait confiance en se labellisant, vous essayez de faire bonne figure.
Vous allez aider les professionnels à acheter des simulateurs et vous allez passer la possibilité des les utiliser 10h au lieu de 5 sur les 20 heures obligatoires. Vous êtes trop bons mes seigneurs.
Voilà encore une idée sortie tout droit de cerveaux hors sol.
Vos représentants, lors d’une réunion le 9 avril, ont clairement argumenté en disant que cela permettra d’annoncer des prix plus bas pour faire face à la concurrence ! Ils ont même prononcé le mot marketing. Quand je vous dit que vous n’êtes que des comptables.
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que certains nous prennent pour des idiots.
En effet cette idée géniale sortie de cerveaux supérieurement intelligents va se heurter à l’acceptation par le grand public de l’apprentissage sur simulateur, c’est pas gagné je vous l’assure.
Donc se sont les professionnels qui se feront insulté par le public qui sait très bien que le simulateur ne remplacera jamais la conduite réelle et qu’il faudra ajouter des leçons et que le prix annoncé ne sera pas réel. Nous passerons encore pour des voleurs.
Je ne parlerai pas, ici, de la désintermédiation. Tiens la définition du Larousse est intéressante :
Désintermédiation : Évolution par laquelle les agents économiques peuvent accéder directement aux marchés de capitaux, sans passer par le système bancaire.
Quand je dis que vous n’êtes que des comptables !
Ceci dit cette désintermédiation n’est autre que l’arme fatale qui finira le travail de démolition. Vous ne réformez pas vous détruisez !
Ne me parlez plus de sécurité routière, à mes yeux vous n’avez aucune crédibilité, vos discours sonnent faux et vos intentions ne sont pas celles que vous voulez bien dire.
Alors je vous laisse à vos délires intellectuels, quant à moi je vais continuer de marcher et ceux qui veulent bien me suivre sont les bien venus, quant aux autres qu’ils sachent qu’ils me sont indifférents.

Bien à vous.

12 comments on “LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT

  1. Mr Colombani, vous seriez un bon ministre de l éducation routière , votre parole est libre et sincère, il est vrai qu il n est pas utile d avoir fait l ENA ou les grandes écoles pour se rendre compte que notre profession va dans le mur, étant donné que l on ne pèse pas ! De toute façon notre sort est scellé .
    Je vais à mon petit niveau diffuser le lien.
    Bon courage à tous, surtout pour ceux qui débutent dans ce métier cela va être très difficile.

  2. Si seulement le virus du bon sens pouvait toucher les comptables du gouvernement. Il sont surement très intelligent mais ils ne connaissent rien a la sécurité routière.A la rigueur ce n’est pas très grave. Mais ignorer les professionnels qui œuvres tous les jours pour la sécurité routière, les personnes qui y croit encore c’est une véritable honte. On n’y connais rien mais ont a raison. Ça va devenir une marque de fabrique de ce gouvernement Macron.

  3. Merci monsieur COLOMBANI , de dire tout haut ce que nous pensons tous !
    Mais comment convaincre de bon sens ces bureaucrates ignorants des tenants de notre profession : telle est la question…..

  4. c’est difficile de rester optimiste!
    pourquoi est-ce si difficile de mutualisé la formation routière?
    elle est valable sur plusieurs dizaines d’années!
    les pouvoirs public pensent-ils que seul la préparation de l’examen est suffisant?
    dans ce cas notre rôle, est très limité.et démotivant…
    bon courage à tous….

  5. Chers Collègues,

    Il paraît que nous faisons la promotion d’un modèle de qualité et de proximité alors que lorsque les politiques, les médias et les plateformes internet avec leur armée d’autoentrepreneurs parlent du permis de conduire ce n’est qu’en terme de prix et jamais de formation !

    Pourtant qui a inventé les forfaits 20h mettant ainsi l’accent sur « le prix du permis » plutôt que la qualité de la formation (que ceux qui parmi nous ont décroché leur permis en 20h ou moins sans jamais avoir conduit avant lèvent la main)?
    Qui a affiché en très gros le prix de ces forfaits sur leurs vitrines pour attirer le chaland sachant que la méthode d’attribution des places d’examen bloque plus ou moins les élèves dans l’auto-école où il se sont inscrits au départ (Emmanuel Macron avait 14 ans quand le minimum de 20h a été instauré ; il n’a donc connu que ça quand il a passé son permis) ?
    Qui a toujours refusé que les places d’examen soient attribuées en fonction de la qualité du travail des auto-écoles ?
    Qui a inventé les frais d’examen quand le timbre fiscal a été supprimé pour rendre l’examen du permis gratuit ?
    Qui a pris l’habitude de laisser tourner les DVD de code en boucle au bureau pendant qu’ils partaient en leçon de conduite laissant ainsi entendre qu’on peut apprendre le code sans enseignant (donc autant le faire chez soi sur internet) ?
    Qui a demandé des labels qualité dénigrant ainsi l’agrément préfectoral ?

    Pas les politiques, les médias ou les plateformes internet mais bel et (pas) bien nous, les auto-écoles traditionnelles!

    On a toujours refusé de balayer devant notre porte et on vient se plaindre que d’autres veulent le faire et en profitent pour nous balayer complètement du paysage ?
    Il est bien temps de vouloir agir ensemble quand on a prôné le fric et l’immobilisme et donc protégé ainsi les magouilleurs pendant tant d’années!

    Bien tristement votre.

    Castel Auto-Ecole

    • Bonjour,

      Je ne suis pas entièrement d’accord avec vous. Sur les 20 heures et autant que je m’en souviens ce sont les inspecteurs qui les avaient demandé, car à l’époque il y avait des candidats qui n’avaient carrément pas le niveau, ce n’est pas la profession qui voulait les 20h.
      Sur l’affichage des prix, je n’ai pas connu l’époque où les tarifs étaient réglementés, je suis arrivé juste après, mais le problème n’est pas là, à mon avis le problème c’est la difficulté pour nous d’assumer une partie commerciale que l’on met en opposition à la partie enseignement et que nous rejetons car nous ne sommes pas des commerçants dans l’âme. C’est peut-être une des raisons de la situation actuelle, nous ne sommes pas assez des chefs d’entreprises, en tout cas c’est mon avis.
      Sur les frais d’examens, il me semble que la profession a toujours fait payer les frais d’examens même lorsqu’il y avait le timbre fiscal, en tout cas moi je le faisait et c’est normal de faire payer une prestation.
      Sur les DVD, effectivement c’est une erreur de la profession, mais pas que. Souvenez-vous lorsque nous achetions des séries de diapositives nous recevions les diapos et un livre de correction, évidemment on mettait un moniteur pour la correction, à mon avis l’erreur vient d’abord des fournisseurs, ils n’auraient jamais dû mettre la correction dans le DVD, juste des supports (dessins, schémas) pour aider à le moniteur, mais sans commentaires. Avec le recul c’est facile à dire, mais il est vrai que cela est à l’origine de la disparition des moniteurs dans les salles de code, il en va de même avec Internet. Mais nous ne pouvons pas bloquer les évolutions technologiques, par contre nous devons nous adapter et ça nous ne savons peut-être pas le faire.
      Sur le label, je vous rappel que le label a été décidé dans la réforme de 2008 par monsieur BUSSEREAU. Le label ne remplace pas l’agrément il vient en plus et à mon avis nous en avons besoin pour permettre au consommateur de choisir où il va aller. Le problème c’est que le gouvernement n’a pas joué le jeu, il devait y avoir une communication nationale pour mettre en valeur le label, elle n’a toujours pas eu lieu et à mon avis c’est une trahison. Bien sûr le label ne fera pas obstacle à la guerre des prix mais il peut aider les professionnels sérieux.
      Pour le reste, je vous dirai que je trouve les professionnels trop conservateurs, nous nous sommes sentis protégés pendant des années, nous pensions être à l’abri des changements car protégés par l’Administration, or le monde change et nous ne l’avons pas anticipé. Dès 2006 l’UNIC dans son projet auto-école-autrement avait proposé des changements avec, entre autres, une autorégulation de la profession, nous n’avons pas été suivis et pourtant déjà nous disions que nous devions changer. En 2008 lorsque l’UNIC a proposé son projet DEXO (complément d’auto-école-autrement) là encore on s’est fait jetés. En 2009 lorsque l’UNIC annonçait que nous allions un jour être déréglementés parce que c’est la volonté de Bruxelles, là encore on ne nous a pas écouté. Je sais pourquoi, je sais que certains responsables de la profession ont toujours été opposé au changement, voilà où nous en sommes. Je suis convaincu que si nous nous étions réformés assez tôt nous n’en serions pas là aujourd’hui. Mais nous n’avons pas anticipé, nous nous sommes arc boutés sur nos réglementations pensant qu’elles arrêteraient les changements.
      C’est mon avis

      • Bonjour M Philippe COLOMBANI,
        C’est exact, ce sont les inspecteurs ou l’administration qui avaient demandé les 20 heures mais pas les forfaits 20h et encore moins les forfaits à prix cassé affichés en gros sur les vitrines ! Je n’ai pas de forfait 20h mais on me demande systématiquement « à combien est le permis »; à qui la faute?
        Pour ce qui est des frais d’examen, à ma connaissance, aucune des 6 auto-écoles où j’ai travaillé avant la fin du timbre fiscal ne les pratiquaient et celle où je travaillait au moment de la disparition du timbre fiscal à tout de suite réclamé les 250F comme frais d’examen. Quant à celle où j’ai passé mon permis, elle ne m’a rien fait payer alors qu’elle assurait le transport vers le centre d’examen qui était à plus de 15km de l’auto-école tant pour l’ETG que pour la pratique. Je ne me souviens même pas avoir payé des frais de dossier au départ (mais mes parents l’avaient peut-être fait); par contre il n’y avait aucun forfait et je payais mes leçons de code et de conduite à l’unité avant chaque leçon (comme partout ailleurs avant les 20h obligatoires) et on savaient qu’on ne passaient l’examen que quand on étaient prêts (à nous de bosser si on voulaient payer moins d’heures).
        Si c’est normal de faire payer une prestation, il serait normal que les médecins facturent le temps passé à étudier nos résultats d’examens médicaux et pourquoi pas aussi les seringues, pansements, feuilles de soins ou tout autres frais supplémentaires! Ne sont-ils pas inclus dans le prix de la consultation? De même, les trajets pour les examens n’étaient-ils pas déjà inclus dans le prix des leçons (comparer le prix d’une heure de leçon avec une heure en taxi serait sans doute très instructif)?
        Pour ce qui est du label, il n’y a qu’à voir ce qu’il se passe avec les AOP pour comprendre que ces labels en tout genres peuvent très bien tromper les consommateurs et favoriser les magouilles dès que les industriels y mettent le prix en lobbying . Qui sera en mesure de faire ce lobbying dans notre profession? Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’Ornikar est parmi les premiers à avoir demandé sa labellisation (sans succès pour l’instant, mais pour combien de temps?)! Vous pariez combien que le label remplacera l’agrément dans l’esprit du public (et peut-être même à plus long terme pour l’administration)? Y a-t-il des labels qualité pour les médecins, les notaires, les avocats, les huissiers ou d’autres professions réglementés?
        Pour la pénurie de place d’examen, Je me rappelle que les membres du CNPA que j’ai côtoyé lors de ma première réactualisation des connaissances avec l’ANPER se vantaient que le CNPA avait réussi à faire reculer l’administration sur une réforme qui aurait pu éviter ou tout au moins retarder la situation actuelle (on en a déjà discuté par mail il y a plusieurs années). Quand on voit des auto-écoles présenter 3 fois à l’examen des candidats qui n’obtiennent que 7 points à leur meilleur résultat, on peut d’ailleurs se demander s’il y a vraiment pénurie !
        Sur les DVD, les fournisseurs ont bon dos! J’ai les mêmes que les autres et ça ne m’a jamais obligé à laisser tourner la correction.
        Je suis d’accord quand vous dites que l’UNIC n’a pas été suivi dans sa volonté de faire évoluer la profession et c’est bien dommage.
        D’accord aussi quand vous dites que nous ne sommes pas assez des chefs d’entreprises mais seulement des enseignants, c’est ce que j’ai aussi entendu en septembre lors de ma dernière réactualisation des connaissances avec Davantage.
        Bien cordialement.
        Castel Auto-Ecole

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